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«Si Dieu vient à votre secours, nul ne pourra vous vaincre , et s'Il vous abandonne, qui donc, en dehors de Lui, pourra

«Si Dieu vient à votre secours, nul ne pourra vous vaincre , et s'Il vous abandonne, qui donc, en dehors de Lui, pourra vous secourir? Que les croyants mettent donc leur confiance en leur Seigneur!» (Al-i'Imran – 160)

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le bâton du fqih

Le 23/10/2012

 

    " Le mardi, jour néfaste pour les élèves du Msid, me laisse dans la bouche un goût d'amertume. Tous les mardis sont pour moi couleur de cendre. 

(...) Le matin, je me rendis au Msid selon mon habitude. LE fqih avait son regard de tous les mardis. Ses yeux n'étaient perméables à aucune pitié. Je décrochai ma planchette et me mis à ânnoner les deux ou trois versets qui y étaient écrits.

     A six ans, j'avais déjà conscience de l'hostilité du monde et de ma fragilité. Je connaissais la peur, je connaissais la souffrance de la chair au contact de la baguette de cognassier. Mon petit corps tremblait dans ses vêtements trop minces."

                                                                                                 (PP. 20-21)

 

 

les instruments de musique pour la Achoura

Le 23/10/2012

 

     Les femmes de la maison s'achetèrent toutes des tambourins, des bendirs et des tambours de basque. Chacun de ces instruments avait sa forme, son langage particuliers. Il y en avait de longs en céramique bleue, la base garnie de parchemin, de ventrus en poterie quasi rustique, de simples cadres en bois circulaire tendus d'une peau de chèvre soigneusement épilée.

     Ma mère fit l'acquisition d'un de ces tombours ou bendirs. Elle l'essaya. Des coups graves et des coups secs combinés avec art parlèrent un dialecte rude, mélange de soleil et de vent de haute montagne."

                                                                                   (début chapitre VII)

 

 

Femmes de la Médina

Le 30/10/2009

 

 

        « Si j’avais été femme, si j’avais été riche, j’aurais porté chaque jour une robe de le couleur qui convenait .Ma vie en aurait été plus belle, plus équilibrée, plus heureuse. »

                                                    (le narrateur à la page 215)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Vers la fin du roman, le narrateur crie haut et fort que «personne ne peut chanter le nom d’une femme qui, à genoux, à même le sol pétrit la pâte dans un plat de poterie »(p.241).Et pourtant, tout au long de l’œuvre, il ne fait que cela.

 

 

   Le présent travail tente de contredire ces propos iconoclastes du protagoniste. En effet, et comme nous allons le montrer, tout son récit est une foultitude de «photographies (il est question d’un « album » à la page 6) par le biais desquelles il tente de rendre hommage à toutes les femmes qui ont  marqué sa petite enfance ; des images qui illustrent aussi, et merveilleusement, la fascination que la gent féminine exerce sur le petit enfant de six ans.

 

 

    Rêvées par l’auteur ou restituées par sa mémoire, ces images sont doublement importantes : d’une part, elles nous concernent très directement, car à travers ces femmes, c’est notre enfance que nous voyons et, de l’autre, nous informent sur leur mode de vie dans la Médina (tout un dossier socio-culturel!) au début du siècle dernier.

 

 

     Grâce à l’indiscrétion d’un enfant de six ans, le lecteur est entraîné dans le monde très fermé (le foyer, le bain maure…) de la femme populaire  marocaine.

 

     A travers ces images, donc, nous avons voulu leur rendre hommage à notre tour et immortaliser quelques «instantanés », par jeu, comme font les enfants avec un kaléidoscope :

 

 

 

 

Première image :

 

 

 

                    « Une femme cousant, brodant ou tirant l’aiguille

 

                   de son canevas d’un air assez songeur. »

 

                                                              (Balzac)

 

 

    Elle est donnée par le récit ; c’est celle des maîtresses de maison qui font les corvées ménagères (nature féminine ou condition féminine ?). Ce que nous montre le roman c’est une vie qui se fonde principalement sur un aspect fonctionnel : ménage, cuisine, linge, lessive, couture, rouet, aiguille : du petit matin jusqu’au soir, elles s’occupent de leurs maisonnées «avec gravité »(p.15) ; aucun moment de répit pour elles-mêmes. Ces femmes sont faites uniquement pour être magnifiquement de bonnes épouses…

 

            «Elle s’acquittait de ses devoirs d’hôtesse avec beaucoup

 

             de dignité. » (p.197

 

 

 

 

Deuxième image :

 

 

 

 

                               La femme dans tous ses états…

 

 

 

 

    Des femmes qui ne ratent aucune occasion pour se livrer à des « crêpages de chignons » au bain maure, pour se chamailler ou pour s’échanger injures et malédictions de leurs fenêtres surtout quand elles partagent le même toit :

 

 

       « Chacune des antagonistes, penchée hors de

 

          sa fenêtre, gesticulait dans le vide, crachait

 

          des injures que personne ne comprenait,

 

          s’arrachait les cheveux. Possédées du démon

 

          de la danse, elles faisaient d’étranges contorsions.

 

          Voisins et voisines sortirent de leurs chambres

 

          Et mêlèrent leurs cris aux cris des deux furies » (p.19)

 

 

 

 

 

 

 

Ou, pire encore, se comportent parfois comme la fille du coiffeur qui :

 

 

 

 

 

 

          « se saisit d’un  verre, le cassa sur le rebord de la

 

            fenêtre et, avec le morceau aigu qui lui reste dans

 

            la main, elle tenta de se couper la gorge. »(p.237)

 

 

 

 

 

 

 

 

   Mais la plupart des  rixes finissent le plus souvent avec le regret dans les « embrassades ou dans les larmes »(p.14) prétextant un « moment de mauvaise humeur »(p.61)…

 

 

 

 

 

 

    Troisième image :

 

 

 

 

 

                                      « Raconte, Salama !Raconte ! »(p.227)

 

 

 

       Dans la médina de Sidi Mohammed, le discours n’est pas seulement aux hommes(chez le coiffeur, entre Lahbib et ses amis, entre Maalem Abdeslam et Moulay Larbi à la fin du récit…)mais aussi aux femmes (Ne dit-on pas que le hamam est le souk des femmes ?). Ce sont de vraies pies qui ne peuvent pas «ne rien raconter » (p.214)

 

 

 

    L’image de leurs «commérages » est omniprésente dans le roman.Après avoir effectué toutes les corvées ménagères, elles se rencontrent au hamam (qui « était  naturellement le lieu des potins et des commérages »(p.13), discutent sur le toit-terrasse, papotent chez elles au «milieu des coussins »(p.147)ou sur une «peau de mouton »(p.81), dans la rue…Elles ne se rencontrent que pour  palabrer, échanger des nouvelles, s'informer des derniers nouvelles de la ville.

 

 

    Les images les plus significatives sont éparpillées dans le récit :

 

 

 

          - «Sur les marches de l’entrée principale, des femmes

 

          assises à même le sol, devisaient entre elles, mâchaient

 

          sous leur voile de la gomme parfumée. »(p.26)

 

          - «Je savais qu’elle chuchotait quelque part à Rahma, la

 

         locataire du premier, la nouvelle histoire de Lalla Aicha,

 

         après lui avoir fait promettre le secret.»(p.81)

 

 

          - «deux femmes s’appuyèrent au mur de la

 

 

 

 

 

 

        mosquée et entamèrent une longue conversation »(p.106)

 

 

 

 

 

 

-         «Ma mère chuchotait, penchée sur notre voisine à lui

 

         frôler la joue.cela ne me regardait pas.Ce que

 

         chuchotent mystérieusement les femmes dans une

 

 

 

 

         pièce sombre ne peut intéresser les petits garçons » (p.113)

 

 

 

 

 

 

           - «Elles discutaient à mi-voix à qui mieux mieux »  (p.162)

 

 

 

          - «Pendant ce temps, lalla Aicha et ma mère penchées l’une

 

 

          Sur l’autre, papotaient, papotaient, papotaient !... » (p.150)

 

 

 

 

    Dans le milieu féminin, c’est une «aubaine d’en savoir plus long que les autres » (p.194) ; cela donne de l’importance aux yeux des autres. La preuve, l’immense joie de Zhor qui est au courant des nouvelles de Moulay Larbi Alaoui : «Zhor sourit largement. Fière de devenir le point de mire de tous regards. »(p.235)…

 

 

 

      Quatrième image :

 

 

                          «  C’était un moment pathétique »…(p.90)

 

 

 

   On ne peut pas passer sous silence la sensibilité des personnages féminins de Sefrioui. En effet, le récit met en scène, au fil des douze chapitres, des femmes «faibles et chétives »(p.82) pour qui tout événement est un « événement motif à angoisse »(p.48).   

 

 

 

    Dans le roman au programme, on pleure individuellement ou en groupe, silencieusement ou bruyamment...mais on pleure beaucoup et incessamment :

 

 

 

 

 

-         «Tout le monde se mit à pleurer bruyamment. Chacune

 

des assistantes gémissait, se lamentait, se rappelait les

 

moments particulièrement pénibles de sa vie, s’attendrissait sur son propre sort.»(p.46)

 

 

 

 

-         « Lalla Aicha se mit à pleurer silencieusement. Elle se

 

cachait le visage dans la manche de sa robe et reniflait.

 

ma mère se fit tendre, lui entoura les épaules de son bras, lui parla comme elle aurait parlé à une petite fille»(p.65)

 

 

-         «Enfin, tout cela nous a bouleversées. Lalla Aicha a pleuré,

 

le soir, elle souffrait de violents maux de tête. »(p.70)

 

 

 

 

-         «Ma mère subissait les mêmes tourments, communiait dans les mêmes joies, éprouvait les mêmes émotions que son amie. »(p.147)

 

 

 

-         «Lalla Aicha, pour toute réponse, enfouit son visage dans ses mains et éclata en sanglots. Un torrent de larmes coula au travers de ses doigts. Son corps fut secoué de violents spasmes. La douleur l’étranglait par moments. Ma mère lui entoura les épaules de ses deux bras et se mit à sangloter avec elle. »(p.171) 

 

 

  

   Parfois ces moments d’«extase »(p.144) ont un but cathartique : on pleure pour épurer l’âme :

 

 

 

 

                   « Elle(lalla Zoubida) dit à rahma :

-             Je vais passer par-dessus le mur, cela me fera du bien

  d’aller pleurer un peu. »(p.84)

 

 

           ou      «lalla Aicha poussa un gémissement et se mit à pleurer.

 

                 Ma mère sortit son mouchoir pour s’essuyer les yeux.       (p.208) 

 

 

 

 

 

 

 

   Mais on pleure aussi parce que la douleur est profonde :

 

 

               « Elle s’assit à même le sol, s’acharna sur son visage,

 

                se griffa, se tira les cheveux sans proférer une parole. Mon

 

                père se précipita pour lui retenir les mains.Ils luttèrent un

 

                moment. Ma mère s’écroula face contre terre. »(p.177)

 

 

           

    Tout au long du récit, donc, elles ne font que se lamenter sans que cela ne soit blasphématoire : « Je le (Dieu) remercie pour ses dons innombrables, je le remercie dans la joie comme dans l’affliction »,dirait Rahma à la page 31 ou , quelques pages plus loin , Lalla Zoubida, avec beaucoup d’humilité, tire la conclusion philosophique suivante : « Le croyant dans ce monde rencontre de nombreux obstacles, l’essentiel pour lui est de surmonter toutes les difficultés sans jamais se révolter contre son Créateur. »(p.82), qui n’est qu’un simple écho aux propos de Maalem Abdeslam : « Le croyant est souvent éprouvé. »(p.178)

 

 

   Cinquième image :

 

 

                                 « Le tronc aux offrandes » (p.195)

 

 

 

      A travers le récit, le lecteur découvre une facette très importante de la culture marocaine : la tradition des marabouts, des hommes saints, et des demandes de faveurs qui continue d'être observée au Maroc par toutes les femmes («des quartiers les plus éloignés, des femmes de toutes les conditions venaient la (la voyante) consulter »p.4)et notamment celles des classes populaires. Des femmes qui cherchent la guérison, une aide ou des conseils se rendent sur les tombes de ces notables pour des prières collectives.

 

   La Médina de Fès compte des dizaines de zaouias et de marabouts (p.214), qui gardent encore une place particulière dans la vie de bon nombre de femmes.

 

   A l’instar de Lalla zoubida et de Lalla Aicha, elles sont nombreuses à être fidèles au marabout en lui rendant régulièrement visite : « Chaque santon a son jour de visite particulier ».

 

  Celles qui se recueillent aux temples des saints nourrissent mille et un espoirs et implorent la baraka du marabout : Lalla Zoubida espère le retour de Maalem Abdeslam ; lalla Aicha celui de Moulay larbi ou la guérisson de son fils…

 

   Dans la Médina de Fès, chaque marabout est réputé pour une compétence particulière qui le distingue des autres et chaque saint est jugé selon ses miracles et les histoires mystiques qui circulent à son propos . Et c'est cet aspect merveilleux qui est le seul capable de satisfaire la mentalité d'une certaine catégorie de personnages dont la nourriture culturelle est, sans conteste, l'imaginaire.

 

  les gens ont souvent recours aux méthodes traditionnelles des chorfas car les « remèdes humains restent inefficaces s’ils ne sont pas sanctifiés par les effluves spirituels des hommes de Dieu »(p.214); c’est une sorte de cure dont les résultats sont certains : « Cet enfant ne pourra pas supporter le Msid ; si tu lui faisais boire de l’eau du sanctuaire, il retrouverait sa gaîté et sa force », dira Lalla Aicha à la page 22.

 

     Les sanctuaires  sont  fréquentés aussi par des femmes souffrant de stérilité  comme Khadija, la sœur de Rahma : « la pauvre Khadija a consulté les guérisseurs, les fqihs, les sorciers et les chouafas sans résultat. Il y a un an, ils sont allés en pèlerinage à Sidi Ali Bou Serghine. Khadija se baigna dans la source, promit au saint de sacrifier un agneau si Dieu  exauçait son vœu. Elle a eu son bébé. » (p.48)

 

      Le saint reste le havre de paix pour l’âme qui souffre et que rien n’apaise : «Elles énuméraient tous leurs maux, exposaient leurs faiblesses, demandaient protection, réclamaient vengeance, avouaient leurs impuretés, proclamaient la miséricorde de Dieu et la puissance de Sidi Ali Boughaleb, en appelaient à sa pitié. » (p.27).Le saint, en effet, aide à apporter le calme et la quiétude perdus pour ces « faibles créatures ».

 

      Par ailleurs, il y aussi les voyants comme Si El Arafi, le fqih aveugle de Qalkilyine,qui prétend ne pas pouvoir «dévoiler l’avenir. L’avenir appartient à Dieu, l’omnipotent. Ces coquillages et ces amulettes m’aident à sentir vos peines… »(p.205) et Kenza, la chouafa qui « connaissait les paroles efficaces qui rendaient ces ombres inoffensives »(p.31) et dont les pratiques « relevaient du domaine démonique (…)compliquées, exigeaient une mise en scène, entraînaient à de multiples dépenses…» (p.213) selon le narrateur.

 

     Malgré la diversité de leurs méthodes, leur voyance joue un rôle important dans la vie des femmes, parce qu'elle aide à maintenir un certain espoir et une certaine stabilité ; le fqih « dans un quartier éloigné, dont les talismans faisaient miracle »p.21) ou la chouafa leur disent ce qu'elles veulent entendre ; ils leur prédisent des choses qui ont de grandes chances de se produire en faisant appel à la musique, aux aromates, aux versets coraniques…

 

 

                Sixième image :

 

                                          Les salamalecs

 

 

    Quand deux femmes se rencontrent, elles commencent par se saluer, par avoir des nouvelles sur la «santé mutuelle » (p.223) ou sur la météo : «Les deux femmes se saluèrent, parlèrent du printemps dont les débuts étaient toujours fatigants. »(p.63).C’est la règle !

 

   A force de répéter les mêmes paroles, ceci devient mécanique entre les interlocutrices : « Celle-ci lui souhaita une heureuse journée avec des formules habituelles. Aucune n’écoutait les propos de l’autre. Chacun récitait son boniment sur un air monotone sans ardeur et sans enthousiasme. Elles posaient des questions mais connaissaient d’avance les réponses.Depuis trois ans que nous habitions ensemble, elles avaient répété les mêmes phrases chaque matin. Parfois elles modifiaient un mot, faisaient allusion à quelque récent événement , mais de telles circonstances étaient fort rares. »(p.32)

 

   Mais ces mille petits souhaits et toutes les métaphores joviales qui les accompagnent montrent la relation qui existe entre telle et telle femme : «Ma mère manifesta une grande joie à la revoir.Les deux femmes se prodiguèrent mutuellement des baisers pointus, des formules de politesse et des mots aimables. »(p.146)…

 

                 Septième image :

 

                                        « Des femmes richement habillées… »  (p.140)

 

     La parure est d’un grand intérêt dans l’œuvre.Les femmes sont présentées dans les moindres détails de leurs toilettes jusqu’à la couleur de leurs babouches.Leur habillement revient à toutes les pages comme un refrain.

 

    La beauté picturale de la toilette féminine captive par le détail ; avant d’être une seconde peau, le vêtement est un costume qui participe métonymiquement à la mise en scène de soi :

 

      « déballant de leurs énormes baluchons des caftans et des mansourias, des chemises et des pantalons, des haiks à glands de soie d’une éblouissante blancheur »(p.9) 

 

 

Ou   «Ma mère se leva pour se préparer. Elle changea de chemise et de mansouria, chercha au fond du coffre une vieille ceinture brodée d’un vert passé, trouva un morceau de cotonnade blanche qui lui servait de voile, se drapa dignement dans son haik fraîchement lavé » (p.23)

 

Ou  «Avant de se réunir pour le repas, ma mère et les autres voisines avaient changé de robe. Elle tirèrent de leurs coffres des caftans aux couleurs chatoyantes, des dfinas ornées de fleurs et pour se coiffer de riches foulards de soie. »(p.54)

 

 

Ou «Elle était prête pour sortir. Drapée dans son haik blanc, des babouches noires aux pieds, elle se hâta de se voiler le visage étroitement de cotonnade blanche et nous partîmes. Rahma la pria de se renseigner sur les prix des tissus, notamment sur le prix de cette mousseline appelée «persil » et de ce satin à la mode, qui portait le joli nom de «bouquet du sultan ». »(p.105)

 

 

Ou «Ma mère avait sorti une belle mansouria en voile fin, ornée de rayures de satin jaune. Elle s’était coiffée d’un foulard noir à longues franges multicolores »(p.145)

 

Ou encore « Elle (Zhor) portaient des vêtements de couleurs voyantes »(p.235)…

 

 

                   Huitième image :

 

 

                               Une « impression de fête fabuleuse »(p.143)

 

    Les femmes de la Médina vivent aussi au rythme des chants improvisés et des tambourins. Elles jouent de leurs instruments et chantent sans discontinuer partout dans la maison et jusqu’à la tombée de la nuit…les occasions ne manquent pas pour extérioriser leur joie.

 

 

-         «La fête dura jusqu’au coucher du soleil. Elle se termina avec des you-you, d’autres vœux et la promesse de se revoir »(p.54)

 

 

-         «Les femmes de la maison s’achetèrent toutes des tambourins, des bendirs et des tombours de basque.(…)Ma mère fit l’acquisition d’un de ces tombours ou bendirs. Elle l’essaya. Des coups graves et des coups secs combinés avec art parlèrent un dialecte rude, mélange de soleil et de vent de haute montagne. Encore deux jours avant la Achoura  , la grande journée où, de chaque terrasse l’après-midi, s’élèveront rythmes et chansons. Maintenant chacune de nos voisines faisait ses gammes, jouait pour elle-même un air de danse, accompagné de fioritures, de mots murmurés à mi-voix.»(p.121)

 

 

-         «Le soir, des bouquets de femmes richement vêtues ornaient toutes terrasses. Les tambourins résonnaient, les chants fusaient de partout. »(p.150)

 

 

-         «Organiser des thés pour ses soi-disant amies(…)Jouer du tam-tam à tout propos(…) »(p.233)

 

 

 

-         «Lalla Kenza, la chouafa, personne austère s’il en fût, chantait un couplet à la mode. Je l’écoutait de notre fenêtre. Sa voix chevrotait un peu mais les mots : cœur, œil de gazelle, lèvres de rose parvenaient jusqu’à mes oreilles. Ces mots me rappelaient des objets neufs et précieux qui auraient sommeillé longtemps sous un matelas de poussière. »(p.240)

 

 

-         «Rahma entama à son tour une cantilène. Sur un air mélancolique elle appela tous les saints à son secours. Elle se plaignit de sa maigreur et de ses insomnies(…)Je ne compris pas la suite du poème consacrée aux yeux de je ne sais quel jouvenceau, des yeux pareils à des étoiles surmontés de sourcils comme des sabres courbés. Kanza, la chouafa, et Rahma la femme du fabricant de charrues avaient donné le ton. Fatma Bziouiya suivit leur exemple. Ma mère, timidement, puis d’une voix de plus en plus ferme, remplit la maison de ses roucoulements. Je décidai d’apporter ma modeste contribution à ce concert. Pour y participer, on n’était contraint à aucune règle, on ne devait remplir aucune condition spéciale. Chacun se laissait simplement aller à son inspiration. »(p.242)

 

-          «Des you-you éclatèrent sur la terrasse »(247)

 

 

                 Neuvième image :

 

                                                    Les affres de l’attente

 

 

 

      Une image pleine de mélancolie ; c’est celle de la femme qui attend le retour de son mari. Cette image, comme une prédiction, apparaît dans l’un des cauchemars du narrateur : «A la maison, ma mère pousserait des cris à déchirer le gosier, elle pleurerait pendant des jours et pendant des nuits. Elle serait  toute seule le soir pour attendre le retour de mon père. »(p.91), un père qui va quitter, en effet, pour la première fois, sa maison et sa famille vers  l’«inconnu »(p.187) 

 

 

   Ainsi, c’est sa vie entière qui va être bouleversée. Durant l’absence de son mari, elle passe  des «heures affreuses(…)à l’attendre »(p.188) ; elle n’a que le potin avec ses amies et ses voisines ou les «longues promenades »avec son fils du côté des différents sanctuaires pour combler le vide de ses journées :

 

          «(…)depuis le départ de mon père. Ma mère faisait une cuisine

 

              maigre, mêlait de la farine d’orge au pain de froment. Elle

 

              riait moins, ne racontait plus d’histoires. Il nous restait les

 

              longues promenades que nous faisions pour nous rendre aux

 

              divers sanctuaires deux ou trois fois par semaine. Nous

 

              formulions les mêmes plaintes, demandions la réalisation des

 

              mêmes vœux. Nous versions toujours les mêmes larmes

 

              indigentes et nous repartions vers notre demeure. »(p.215)

 

 

    Comme lalla Zoubida, Lalla Aicha est aussi condamnée à attendre le retour de son mari après sa «folie »(p.248).Et pourtant, elle continue d’espérer son retour malgré l’ «image de désolation » que va caractériser sa vie. Pour elle, les personnes qui «savent » sont d’un très grand secours :

 

 

       « Il est permis à l’esclave de faire ce qui est en son pouvoir

 

         pour remédier à sa misère, ensuite il doit s’en remettre à son

 

         seigneur pour l’accomplissement de ses desseins. Ayons   

 

         confiance » (p.198)

 

 

 

 

 

 

 

              Dixième image :

 

 

                                         Derrière une porte…

 

 

     Dans une société conservatrice très patriarcale, le monde des femmes est isolé de celui des hommes. En effet , la ségrégation est de mise. Aucune des femmes, dans l’œuvre, n’a le droit de croiser ou de discuter avec un homme étranger :

 

 

-         «Allal, le mari de Fatma Bziouiya, jardinier de son état ,

 

Fit entendre sa voix à l’entrée de la maison :

 

     - N’y a-t-il personne ? Puis-je passer ?

 

               Rahma répondit :

 

          - Il n’y a personne. Passe ! »( p.34)

 

 

Ou

 

 

-         «Moulay Larbi, le mari de lalla Aicha, arriva inopinément.

 

On l’entendit dire à l’entrée la phrase consacrée :

 

      - N’y a-t-il personne ? Puis-je passer ?

 

   Trois voix de femmes lui répondirent à la fois :

 

      - Passe ! Passe ! Passe !

 

     Son pas résonna dans l’escalier. Il pénétra directement dans la petite pièce. Il était prévenu de notre visite et il ne lui était pas permis de voir ma mère. »(p.63)

 

 

          Ou

 

 

-         «Quand j’arrivais dans le couloir d’entée ma mère discutait

 

Déjà par l’entrebâillement de la porte avec un personnage

 

Invisible(…)Je ne voyais pas ce qu’il remettait à ma mère

 

Par la fente de la porte. »(p.217)

 

 

 

 

 

 

 

                    

 

 

 

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

Instantanés de la Médina

Le 18/11/2009

 

                                                     

                Je suis devant ce paysage féminin
               Comme un enfant devant le feu
               Souriant vaguement et les larmes aux yeux
               Devant ce paysage où tout remue en moi
               Où des miroirs s'embuent où des miroirs s'éclairent (…)

                                                                                                                           L'Extase
                                                                                                         Paul Eluard (1895-1952)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     Voici quelques « instantanés » tirés de l’œuvre de Sefrioui. Ils sont au nombre de vingt.

 L’histoire qu’ils racontent a commencé par une fascination (je suis émerveillé devant toutes les poses- au sens photographique du terme- féminines); une image, une photographie, un tableau…ne valent que si l’on désire ce qu’ils représentent.  

 

 

 

     L’auteur de la Boîte à merveilles est lié aux femmes, qui ont marqué son enfance, par un désir très profond (et je songe ici spécialement à Zhor et à kenza.). Quoi qu’il dise sur lalla Aicha ou sur Rahma, il les aime toutes incontestablement pour leur naturel, c’est-à-dire pour ce dosage de familiarité et de noblesse qui leur est propre.

      Ces photographies (puisqu’il est question d’un « album » à la page 6) s’éparpillent dans le roman comme des « citations picturales ».On dit parfois que la beauté se montre et ne se dit pas ; ici elle se dit et merveilleusement !

      Ainsi, et  par tout un art de la description, le narrateur nous permet d’accéder délicieusement à des instants spectaculaires (dans tous les sens du mot) : crêpages de chignons, chants, danses, pleurs, contorsions, marchandages, commérages…Certains « donnent matière à des  «galas de comédie »(p.14), d’autres, par contre, sont l’ «image de la désolation »(p.197) :

 

 

 

 

 

 

 

- «  De notre fenêtre du deuxième étage, je distinguais à travers la fumée des aromates les silhouettes gesticuler. » (p.4)

 

 

 

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- « Il y en avait bien une ou deux qui tiraient sur leurs cheveux, assises, les jambes allongées, protestant d’une voix haute, mais les autres ne semblaient même pas s’apercevoir de leur présence et continuaient leurs éternels voyages avec leurs éternels seaux de bois. »(p.10)

 

 

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 - « A peine vêtue d’un séroual et d’un vieux caftan déchiré, elle s’affairait autour d’un feu improvisé, remuait le contenu du bidon à l’aide d’une longue canne, pestait contre le bois qui donnait plus de fumée que de chaleur(…) » (p.14)

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 - « Ma mère prenait une chemise toute froissée et sentant le soleil, la déployait sur ses genoux, la regardait par transparence, la pliait, les manches à l’intérieur, avec application, presque avec gravité. » (p.15)

 

 

 

 

 

 

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 - « Chacune des deux antagonistes, penchée hors de sa fenêtre, gesticulait dans le vide, crachait des injures que personne ne comprenait, s’arrachait les cheveux. Possédées du démon de la danse, elles faisaient d’étranges contorsions. » (p.19)

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 - « Les deux femmes marchaient à tout petits pas, se penchant parfois l’une sur l’autre pour se communiquer leurs impressions dans un chuchotement. » (p.24)

  

 

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- « En arrivant devant le catafalque, lalla Aicha et ma mère se mirent à appeler à grands cris le saint à leur secours. L’une ignorant les paroles de l’autre, chacune lui exposait ses petites misères, frappait du plat de la main le bois du catafalque, gémissait, suppliait, vitupérait contre ses ennemis. » (p.27)

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 - « Elle se mit à se lamenter depuis l’entrée de la maison, à s’administrer des claques sonores sur les joues. » (p.45)

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  - « Silencieuses, les femmes soufflaient leur feu, remuaient leurs ragoûts, écrasaient dans des mortiers de cuivre leurs épices. » (p.47)

 

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  - « Elles cuisinaient en plein air sur la terrasse, sur des feux de bois. L’une d’elles les ravitaillait en eau, une autre épluchait les légumes et la troisième, armée d’ue louche en bois gigantesque, tournait les sauces qui bouillonnaient dans leurs récipients de cuivre. » (p.51)

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  - « lalla Aicha se mit à pleurer silencieusement. Elle se cachait le visage dans le manche de sa robe et reniflait. Ma mère se fit tendre, lui entoura les épaules de son bras, lui parla comme elle aura parlé à une petite fille(…)Lalla Aicha, plus âgée que ma mère, se laissait consoler, devenait la petite sœur dans les bras de son aînée. » (p.65)

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- « J’allai rejoindre ma mère sur la terrasse où Rahma, en effet, assise à l’ombre, sur une peau de mouton, se peignait les cheveux(…) Sa chevelure noire enduite d’huile d’olive se répandait sur ses épaules. » (p.81)

 

 

 

 

 

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- «Une vieille femme échevelée (…) baissait la tête jusqu’au sol, le relevait , chantait en allongeant les finales. » (p.85)

 

 

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- « lalla Aicha s’affala au milieu des coussins, soupira de satisfaction et commença son récit. » (p.147)

 

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- «(…) elle (Lalla Aicha) se contenta d’agiter ses mains à la hauteur de ses épaules et de lever les yeux au ciel. »(p.149)

 

 

 

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- « A la maison, une fois dans notre chambre, ma mère se débarrassa de son haik, s’assit sur un matelas et, la tête dans ses deux mains, pleura silencieusement. Pour la première fois, sa douleur me bouleversait. Cela ne ressemblait pas aux grands éclats et aux lamentations auxquels elle se livrait parfois pour se soulager le cœur. Ses larmes coulaient sur son menton, s’aplatissaient sur sa poitrine, mais elle restait là, sans bouger, émouvante dans sa solitude. » (p.166)

 

 

 

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 - « Ma mère s’était appliqué sur les joues ses deux mains avec la force du désespoir. Elle s’assit à même le sol, s’acharna sur son visage, se griffa, se tira les cheveux sans proférer une parole. Mon père se précipita pour lui retenir les mains. Ils luttèrent  un bon moment. Ma mère s’écroula face contre terre. » (p.177)

 

 

 

   

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  - « Ma mère ne déposa aucune offrande dans le trou. Elle y introduisit simplement sa main, frotta sa joue contre la boiserie qui l’entourait et murmura une vague prière. » (p.195) ....

 

 

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- «Elle (Lalla Zoubida) restait au centre de la pièce, une main sur la poitrine, sans prononcer un mot. »(p.216)

 

 

 

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- «(…) les questions fusaient de toutes les chambres. Rahma se pencha à la fanêtre, Kenza qui lavait près du puits lâcha ses seaux et son savon, Fatma Bziouya abandonna son rouet (…) » (p.218)

                          

 

       Fermez maintenant les yeux.........Ces femmes resteront dans votre esprit, gravées à l’intérieur de vos paupières…vous ne pourrez vous en défaire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le toit terrasse

Le 19/11/2009

 

  

        S’il y a un lieu dans la maison de la voyante qui me captive, c’est indiscutablement le « belvédère de la terrasse » (p.139). Je ne peux m’empêcher de lire la Boîte à Merveilles sans en être émerveillé…Là, j’entends mêlé au miaulement désespérée d’un chat (p.197) et au « vacarme des you-you et des chants improvisés » (p.60), les appels à la prière des 364 minarets de la Médina  !

 

      Le toit-terrasse apparaît dans l'œuvre à plusieurs reprises ; il revient comme un leitmotiv dans presque tous les chapitres du roman. Il y tient une grande importance sociale pour maintes raisons; il est l’âme de Dar Chouafa et le lieu privilégié de toute la circulation (p.83) de la maisonnée. C’est, en effet, l’espace domestique par excellence où les femmes et leurs enfants se donnent à plusieurs activités. Par ailleurs, C’est un prolongement naturel des appartements très étroits des locataires de par sa fonction de jardin (où l’on fait pousser certaines plantes aromatiques (p.22), de lieu fonctionnel (pp.15-51) de lieu de rassemblement (p.83), de fête (p.115-121), de jeu (p.59-122-139), de détente, d’évasion (p.86-104), de défoulement (p.46), de refuge pour les animaux (p.67-94-97-122) et même de lieu d’amours enfantines (p.65)…contrairement au patio , avec sa fontaine et son puits, et où il ne se passe pas grand-chose.

 

      L'espace du toit n’est limité que part un petit mur de «séparation » (p.82) toujours franchi sans difficulté par les voisines qui viennent l’envahir pour une raison ou pour une autre. A part, bien entendu, la « porte basse » (p.56) en bois avec sa main en cuivre pour toquer, c’est la seule ouverture sur le monde extérieur vu qu’il n’y a que très peu de fenêtres donnant sur le patio et très peu d’ouvertures s’ouvrant sur les ruelles. Un peu comme une femme derrière son haik, la maison est voilée : on voit et on entend du haut sans être vraiment vu des badauds.

 

     Sur ce « solarium », les femmes vivent librement en protégeant leur douce intimité du monde extérieur un peu trop viril. Kenza, à titre d’exemple, y porte  aisément un séroual et un caftan déchiré ou dévoile ses cheveux enduits d’huile d’olive pour les peigner sans se soucier des regards indiscrets. (p.81)

 

     Même s’il n’y a que des « cordes » et des « perches » (p.15) pour le linge, des « pots ébréchés et de vieilles marmites d’émail » pleins de plantes aromatiques (p.22), l’ « échelle trop courte » (p.83) et la « peau de mouton » (p.81) de la voyante autour de laquelle rôde l’infatigable chat de Zineb, la terrasse est un « vaste univers » (p.149) polyvalent où les « bouquets de femmes » fuient le temps d’une fête  la promiscuité de la Médina chantée par Si Abderrahman (p.137)  et où Si Mohammed peut jouer, "braire"à son aise ou "éparpiller aux quatre vents l'excès de joie" (p.104) dont il se sent souvent déborder.

 

        

 Repères :

 

 15 - 22 - 38 -  46 - 51 - 54 - 57 - 59 - 63 - 67 - 71- 81 - 83 - 86 - 94 - 97 - 104 - 115 - 121 - 122 - 139 -149 - 150 - 158 - 188 - 197 - 219 - 220 - 224 - 236 - 247

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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