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«Si Dieu vient à votre secours, nul ne pourra vous vaincre , et s'Il vous abandonne, qui donc, en dehors de Lui, pourra vous secourir? Que les croyants mettent donc leur confiance en leur Seigneur!» (Al-i'Imran – 160)

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L'invention de l'autobiographie

Le 29/11/2014

 

     L'invention de l'autobiographie, une histoire décentrée :

 
      Dans La Tentation autobiographique, Philippe Gasparini jette les bases d’une histoire de lautobiographie qui casse le cadre évolutionniste et autocentré forgé autour du cas occidental.

              (Sommaire issu du  Mensuel « Sciences Humaines »N° 256 - février 2014 )

     « Je naquis en l’an 3 de l’ère Jianwu. Tout enfant déjà, dans mes jeux avec mes camarades, je gardais une certaine réserve. Je n’aimais pas comme les autres enfants attraper des oiseaux ou des sauterelles, m’amuser avec des pièces de monnaie ou grimper aux arbres, et cela intriguait beaucoup mon père. » 


      Celui qui parle ainsi se nomme Wang Chong. Il a vécu en Chine au Ier siècle apr. J.‑C. (27-97). Ce penseur est connu pour être un esprit très indépendant, à l’écart de la tradition confucéenne qui ne plaisantait pas avec le respect des ancêtres. Wang Chong n’en a cure et n’hésite pas à s’en prendre à son père et son grand-père en les accusant d’excès de violence. Ses Discussions critiques prônent de bout en bout l’esprit d’indépendance. À la fin de sa vie, il rumine sur le temps qui passe et s’apitoie sur son sort : « Mes cheveux ont blanchi, mes dents sont tombées, le temps s’en va, mes contemporains disparaissent peu à peu, je ne sais sur qui m’appuyer. Pauvre et sans ressources, comme serais-je heureux ? »
    Ce genre de récit centré sur soi est loin d’être une exception. En Chine, le genre autobiographique a été inventé dès le Ier siècle av. J.‑C. par Sima Qian (- 145/- 86), historiographe à la cour. L’auteur s’est illustré par les 70 Vies exemplaires mais son œuvre se conclut par un exercice d’autobiographie très personnel où il se met en scène. C’est ainsi que l’on apprend que l’empereur l’a puni d’avoir soutenu un officier traître en le faisant émasculer ! Il s’en désole mais préfère ce sort à la mort qui ne lui aurait pas permis de terminer son œuvre. 

      Ce « récit sur moi-même » inaugure un nouveau genre littéraire :   le zixu (autobiographie). 

     L’autobiographie est alors prisée par des philosophes taoïstes, personnages qui vivent volontairement à l’écart du monde (alors que le confucianisme valorise le devoir de se mettre au service du prince et des ancêtres). Ainsi Ge Hong (283-343) se met-il en scène de la façon suivante : « Mon accoutrement est sale et usé de la tête aux pieds, et si je porte parfois des habits rapiécés, je n’en éprouve aucune honte. » Quand à Tao Yuannming (365-427), il témoigne dans ses poèmes de sa vie, alternant entre retraites et fonctions officielles. Les titres de ses poèmes sont évocateurs : Enfin je m’en retourne, en buvant du vin, ou encore Chanson pour mes funérailles. 

     Le récit autobiographique n’est donc pas une invention occidentale comme l’ont affirmé certains spécialistes du genre tels Philippe Lejeune ou Georges Gusdorf. Il n’est pas le produit d’une « culture de l’individu » qui aurait commencé à germer dans l’Europe renaissante. Dès l’Antiquité, il existait un genre autobiographique en Chine. Et l’on peut en trouver aussi des expressions au Moyen Âge à Byzance, en terre d’Islam ou en Russie. 

     Voilà ce que l’on apprend en parcourant le livre de Philippe Gasparini, La Tentation autobiographique. De l’Antiquité à la Renaissance (Seuil 2013). Docteur en littérature générale et comparée, l’auteur entreprend ici le début d’une histoire de l’autobiographie qui sorte d’un schéma eurocentré et ouvre grands les fenêtres sur le passé et d’autres cultures. Il s’appuie sur une nouvelle historiographie qui a « rejeté ou mis de côté, le schéma évolutionniste et eurocentriste qui avait construit un canon littéraire restreint ». Et l’on découvre en ouvrant les archives d’autres époques, d’autres civilisations que « la société occidentale moderne n’a inventé ni l’écriture du moi, ni l’intériorité, ni l’introspection, ni la conscience de soi ».

     Pour repenser l’autobiographie, il faut donc remonter à d’autres époques et d’autres lieux, scruter aussi différemment les textes. Car dans l’Antiquité grecque et romaine, l’autobiographie se cache parfois sous d’autres formules. À Athènes, les hommes libres interviennent sur l’arène publique comme magistrat, stratège, bref comme politique, il serait donc mal vu d’afficher ses ambitions personnelles sans les habiller de causes supérieures et plus nobles. Les conventions poussent les citoyens à parler d’eux sous des formes impersonnelles et détournées. Mais il n’empêche, quand il s’agit de se défendre publiquement, Socrate fait sa propre apologie. Lors de son procès, il se présente comme celui qui pense « seul contre tous ». Auguste ou César parlent d’eux à la troisième personne – genre imposé – mais cela n’empêche pas ces ambitieux de se dépeindre : « À l’âge de 19 ans, par décision personnelle et à mes propres frais, j’ai levé une armée avec laquelle j’ai rendu la liberté à la République opprimée par la tyrannie d’une faction », écrit Auguste. 


Une autre vision de l’histoire

    Avec les penseurs stoïciens va fleurir un genre philosophique et littéraire plus directement tourné vers la « culture de soi. » Chez Sénèque, on retrouve nombre d’annotations sur sa vie, ses pensées intérieures. Quant aux Pensées pour moi-même de Marc Aurèle, elles sont un chef-d’œuvre du genre. En élargissant le spectre de l’autobiographie à des textes qui n’ont pas comme vocation explicite de raconter sa vie mais sont parsemés de bribes de récits de soi plus ou moins autoglorificateurs, une autre vision de l’histoire apparaît. 

     Au terme de ce premier volume, qui annonce une entreprise plus vaste, P. Gasparini démontre clairement que l’entreprise autobiographique n’appartient pas à l’Occident moderne mais s’est déployée en d’autres périodes de l’histoire et dans d’autres lieux. 

     D’où la question de ses conditions d’émergence : « L’histoire des écritures du moi ne permet donc pas d’attribuer leur invention à un auteur, une culture, une idéologie, une classe sociale ou une époque », écrit P. Gasparini. Elle fait au contraire apparaître « une multiplicité de causes, de modèles de pratique ». Cette complexité anthropologique « appelle une recherche beaucoup plus fine des conditions d’émergence des motivations personnelles, des formes et des évolutions ». Que voilà un beau programme de recherche ! 

Un Saint Augustin en islam

    Les Confessions de saint Augustin sont souvent considérées comme la première expression de l’autobiographie en Occident.

      Philippe Gasparini a repéré en terre d’Islam, durant le Moyen Âge, des formes littéraires autobiographiques qui sont l’équivalent. Elles prennent l’allure d’un récit initiatique : celui d’un jeune homme en quête d’une spiritualité authentique et qui, après maints égarements, finit par trouver sa voie dans la rencontre avec Dieu.

     La Voie de la dévotion d’Al-Ghazâlî (1058-1111) se présente donc à la fois comme un récit autobiographique et un guide spirituel. Le philosophe mystique raconte comment il a passé des années à étudier et enseigner la philosophie pour en être finalement déçu. 

    Il s’aperçoit que cette voie est vaine car elle vise d’avantage à triompher dans de vaines querelles que d’ouvrir la voie à la vérité. « J’ai réfléchi ensuite à la pureté de mon intention à travers mon enseignement et j’ai constaté qu’elle n’était pas entièrement vouée à Dieu car elle avait pour mobile la recherche de la renommée et l’extension de la gloire. »
     Il décide alors de quitter Bagdad et les querelles de palais pour se tourner vers la mystique soufiste qui va lui « purifier le cœur ». Il se fait ascète et vagabond pendant dix ans. Puis, de nouveau, il prend conscience que cette voie ne lui convient pas. Il retourne alors à Bagdad et reprend un temps l’enseignement : il finira par trouver une voie médiane entre le mysticisme solitaire et l’enseignement.
                                                                              Jean-François Dortier
 
 

 

Vous n'avez pas encore lu le roman? ces liens vont vous aider (LIVRE AUDIO + SOUS-TITRES)

Le 18/12/2016

 
       Il s'agit des 5 premiers chapitres de l'oeuvre de Sefrioui:

https://www.youtube.com/watch?v=mIAggF6-Lt4

https://www.youtube.com/watch?v=bFlNpz01fhs

https://www.youtube.com/watch?v=8hmyxpS8KJw

https://www.youtube.com/watch?v=LQeS0hhndpQ&t=36s

https://www.youtube.com/watch?v=D6ZcfcSTPH0
 

 

La Boîte à Merveilles ( PDF)

Le 14/09/2017

 
Cliquez ou recopiez le lien suivant pour ligne le roman en ligne ou sous forme de ficher PDF:

                   https://app.box.com/s/axdfjhf54achqf7l2yfi
 

 

Quelques fichiers audio

Le 23/09/2011

 

Un livre peut être lu par une ou plusieurs personnes.En voici quelques exemples qui concernent le roman de Sefrioui.

 

 

1er fichier audio: chapitre I (pp.3-5)

Le 24/09/2011

 

 

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