hicham-berhil
Eurydice
Le 21/01/2011
Une pièce de fous
Le 26/02/2010
Le terme « Folie » relève de la terminologie philosophique et médicale .C’est un nom féminin qui veut dire :
1 - dérèglement mental, démence
exemple : Ahmed a eu un accès de folie/ Fatima sombre dans la folie
2 - manque de jugement, inconscience
exemple : C'est une folie de vouloir démissionner
3 - idée, parole, action déraisonnable
exemple : vous n'allez pas prendre votre moto par ce temps, c'est de la folie
4 - dépense excessive
exemple : Très chère, vous avez fait des folies
5 - Engouement, passion, manie.
exemple : Mon oncle a la folie des bateaux
6 - Excessivement, éperdument
exemple : J'aime mon chien à la folie
En architecture, on donne ce nom à une maison avec un style extravagant, on lui ajoute le nom de son concepteur. (exemple : Folie Méricourt)
En psychiatrie, c'est un vieux terme qui désignait les désordres de l'esprit, les actes déraisonnables, passionnés, excessifs. Il n'est plus employé depuis le XXème siècle. Il est par contre encore largement employé dans le langage populaire dans le sens de trouble mental puis par extension à toutes les définitions trouvées ci-dessus.
Etymologiquement, 'fou' ou 'folle' vient du latin follis qui signifie «outre-sac » ou «ballon plein d'air ». Ce mot à l'origine signifiait plutôt une personne sotte.
Au moyen âge on ne parlait pas d'hôpital psychiatrique mais de maison de fous. Au XVIème, il y a eu un glissement de cette signification au sens de fou. Dans certains types de folies, il y a une certaine perte des limites. Dans le sens psychiatrique, fou signifie une personne atteinte de troubles et de désordres mentaux, un aliéné ou un démon. Dans le langage courant, il y a plusieurs sens. Par exemple, on parle 'd'histoire de fou', c'est à dire quelque chose d'absurde. Au moyen âge, le fou était le bouffon du roi. Le sens de s'amuser, 'faire le fou', 'plus on est de fous plus on rit'. Le sens de passionné et de grands, 'on est fou de joie'. Le sens d'amoureux, 'il est fou d'elle'. Le rapport entre la folie et l'amour est un aspect que l'on appelle économique, la folie nait d'un agrandissement économique de la fête, sorte d'excès. Au sens de dangereux, emballé ou de sauvage, 'une entreprise folle'. A partir du XIXème, la psychopathologie a représenté le versant théorique à la psychiatrie qui elle-même est une branche de la médecine qui a pour objet l'étude et le traitement des maladies mentales. Aujourd'hui, un des modèles les plus importants de la psychopathologie est la psychopathologie analytique. Psyché veut dire âme et pathos signifie souffrance ou passion. De ce terme de pathos, il y a eu deux dérivations, une strictement médicale, une autre dans une rhétorique qui sert à émouvoir l'auditeur. Dans le langage courant, pathos signifie faire du pathétique.
Quand on cherche un peu du côté de la déraison, on y retrouve la définition suivante : manque de raison.
Folie = déraison.
On a donc l'équation suivante : la folie est contraire à la raison.
Quand on perd la raison, on tombe dans la folie, on devient fou mais aussi on "dit n'importe quoi".
Personne ne semble avoir un « esprit normal » dans cette famille de fous qui est
En effet, le thème de la folie est l’un des ressorts de la pièce ; il occupe presque toutes les pages de la tragédie de Jean Anouilh : de la scène de
Les répliques suivantes corroborent cette thèse ; le mot revient dans la bouche des personnages comme un leitmotiv ; presque tous ont cette "fièvre" et notamment le personnage éponyme :
-
-
- ISMENE __ J'ai bien pensé toute la nuit. Tu es folle.
ANTIGONE __ Oui. (p.23)
- ISMENE __ Tu es folle. (p.30)
ANTIGONE, sourit. __ Tu m'as toujours dit que j'étais folle, pour tout,
depuis toujours. (p.30)
-
Mais tu es folle ce matin ! (p.36)
- ANTIGONE __ Jure-moi d'abord que tu sortiras sans rien me dire.
Sans même me regarder. Si tu m'aimes, jure-le moi.(Elle le
regarde avec son pauvre visage bouleversé.) Tu vois comme je te le
demande, jure-le-moi, s'il te plaît, Hémon... C'est la dernière folie
que tu auras à me passer. (p.43)
- ANTIGONE __ Voilà. C'est fini pour Hémon, Antigone. (p.44) (ici elle se parle à elle-même !)
- CREON __ Qui a osé ? Qui a été assez fou pour braver ma loi ? As-tu
relevé des traces ? (p.50)
- LE GARDE __ C'est qu'elle voulait me sauter aux yeux ! Elle criait qu'il fallait qu'elle finisse... C'est une folle, oui ! (p.57)
- LE GARDE __ Et quand je l'ai empoignée, elle se débattait comme une diablesse, elle voulait continuer encore, elle me criait de la laisser, que le corps n'était pas encore tout à fait recouvert. (p.62)
- CREON __ Si tu te tais maintenant, si tu renonces à cette folie, j'ai une
chance de te sauver. (p.71)
- CREON, lui serre le bras. __(…) Où veux-tu en venir, petite furie ? (p.75)
- CREON, hausse les épaules. __ Tu es folle, tais-toi. (p.92)
- ANTIGONE __ Si, je sais ce que je dis, mais c'est vous qui ne m'entendez plus. Je vous parle de trop loin maintenant, d'un royaume où vous ne pouvez plus entrer avec vos rides, votre sagesse, votre ventre. (Elle rit.) Ah! je ris, Créon, je ris (…) (p.94)
- LE CHOEUR __ Tu es fou, Créon. Qu'as-tu fait ? (p.99)
- HEMON __ Tu es fou, père. Lâche-moi. (p.100)
- CREON, le tient plus fort. __ J'ai tout essayé pour la sauver, Hémon. J'ai tout essayé, je te le jure. Elle ne t'aime pas. Elle aurait pu vivre. Elle a préféré sa folie et la mort. (p.101)
- LE CHOEUR, s'approche. __ Est-ce qu'on ne peut pas imaginer quelque chose, dire qu'elle est folle, l'enfermer? (p.101)
- LE CHOEUR, va à Créon. __ Créon, il est sorti comme un fou. (p.105)
- LE MESSAGER __(…) Tous regardent Créon, et lui, qui a deviné le premier, lui qui sait déjà avant tous les autres, hurle soudain comme un fou. (p.118)
- CREON __ Une bonne femme parlant toujours de son jardin, de ses confitures, de ses tricots, de ses éternels tricots pour les pauvres. (p.120)
- CREON __ Tu es fou, petit. Il faudrait ne jamais devenir grand. (p.122)
- LE CHOEUR __ (…) C'est fini. Antigone est calmée, maintenant, nous ne saurons jamais de quelle fièvre. (p.123)
Antigone et Hémon
Le 20/03/2010
L’amour à mort
CREON __ Tu aimes Hémon ?
ANTIGONE __ Oui, j'aime Hémon. J'aime un Hémon dur
et jeune ; un Hémon exigeant et fidèle, comme moi. (p.93)
Antigone est une tragédie amoureuse à l’instar de l’impérissable Roméo et Juliette. Cependant, on ne sait pas ici comment l’histoire, qui donne beaucoup de vitalité et de fraîcheur à la pièce entre les deux jeunes, a commencé :
LE PROLOGUE : un soir de bal où il n'avait dansé qu'avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d'être sa femme. Personne n'a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit «oui » avec un petit sourire triste...
Hémon, le prince héritier, est dans un état d’énamoration dont on ignore l’origine surtout que la petite « maigre et noiraude » est loin d’être « belle » comme sa sœur. Mais on peut facilement déceler l’irrésistible charme ensorcelant qui se cache derrière la laideur de la fille.
La petite fille d’Œdipe, quant à elle, est amoureuse à en « mourir » de son cousin même si elle sait d’avance ce qui va lui arriver. Ce n’est pas un amour ordinaire qu’elle apporte à son fiancé mais une passion fatale qui l’entraînera, sans qu’il ne se rende compte, à son autodestruction :
LE PROLOGUE : (…) il allait être le mari d'Antigone. Il ne savait pas qu'il ne devait jamais exister de mari d'Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.
Si la princesse refuse de se marier avec Hémon, son « trèsor », ce n’est pas par manque de sentiments mais par refus de pérenniser la malédiction et la colère des dieux aux générations suivantes ; en effet, seule sa mort peut mettre un terme à la pollution qui risque d’être transmise à l’enfant qu’elle aurait pu avoir avec lui.
Et ce qui est remarquable, c’est qu’elle n’avoue l’immensité de son amour que dans l’instant où elle est sûre de mourir et donc de ne plus lui appartenir.
Avant d’être jetée dans les cavernes de Hadès, elle cherche une autre fois à le lui avouer mais cette fois-ci dans une lettre :
ANTIGONE __«Mon chéri, j'ai voulu mourir et tu ne vas peut-être plus m’aimer (...) Pardon, mon chéri. Sans la petite Antigone, vous auriez tous été bien tranquilles. Je t'aime... »
Le récit du Messager et la réplique de Créon, à la fin de la pièce, font des deux amoureux deux grandes figures du Romantisme. Leur mort est absolutisée :
LE MESSAGER __ Antigone est au fond de la tombe pendue aux fils de sa ceinture, des fils bleus, des fils verts, des fils rouges qui lui font comme un collier d'enfant, et Hémon à genoux qui la tient dans ses bras et gémit, le visage enfoui dans sa robe(…)Hémon regarde ce vieil homme tremblant à l'autre bout de la caverne, et, sans rien dire, il se plonge l'épée dans le ventre et il s'étend contre Antigone, l'embrassant dans une immense flaque rouge.
CREON, entre avec son page. __Je les ai fait coucher l'un près de l'autre, enfin ! Ils sont lavés, maintenant, reposés. Ils sont seulement un peu pâles, mais si calmes. Deux amants au lendemain de la première nuit.
Acte suprême où les amants ne font qu’un : à travers la mort apparaît l’harmonie. Le sommeil des amoureux que suggère le thème final du sommeil renvoie aux rites nuptiaux et aux rites du mariage.
Le couple de Hémon et Antigone incarne le mythe de l’amour impossible. Pour autant, c’est bien la mort qui occupe le devant de la scène. Les lamentations amoureuses d’Antigone sont merveilleuses de ce point de vue et s’affirment avec éclat :
ANTIGONE __ O tombeau ! O lit nuptial ! O ma demeure souterraine ! ...
Toute la pièce est hantée par la mort. Effectivement, dès le prologue, il est question de l’issue fatale des deux amants.
La mort revêt tantôt des aspects négatifs, tantôt des aspects positifs.
Les diverses évocations de la mort donne une dimension philosophique de la pièce en soulignant la fragilité de la relation amoureuse entre des jeunes qui sont restés des enfants et qui voient le monde avec des yeux pleins d’innocence.
Dans un article précédent, j’ai essayé de montrer, quoique rapidement, que la fille d’Oedipe n’a qu’un seul « amoureux »-son frère Polynice- et qu’elle se sacrifie pour lui.
Mais d'une manière générale, le présent travail est une interrogation sur la relation amoureuse dans la pièce au programme. Il est question ici d’une relation légale entre deux fiancés sur le point de se marier :
LE PROLOGUE : il lui a demandé d'être sa femme.
tu te lèves la nuit. Et Hémon ? Et ton fiancé? Car elle est fiancée !
ISMENE __ Ton bonheur est là devant toi et tu n'as qu'à le prendre.
Tu es fiancée, tu es jeune, tu es belle...
CREON __ Grossis un peu, plutôt, pour faire un gros garçon à
Hémon. Thèbes en a besoin plus que de ta mort, je te l'assure.
CREON __ Marie-toi vite, Antigone (…)
et c’est pour cette raison-là que nous devons partager leur passion ( dans le double sens du terme : souffrance et amour)...
La mort des amants
Le 21/01/2011
la métaphore filée de Créon
Le 21/01/2011